La métairie d'Aristide Maillol

C'était le mardi 13 juillet 2021

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA MÉTAIRIE D'ARISTIDE MAILLOL
à Banyuls-sur-Mer


Aristide Bonaventure Jean Maillol naquit à Banyuls-sur-Mer le 8 décembre 1861, il est le 4ème enfant d'une fratrie de 5. Durant sa tendre enfance, afin d'aider ses parents, il sera confié à sa marraine, la sœur de son père, Lucie Maillol. Celle-ci va l'élever et acceptera plus tard de lui venir en aide lorsque, jeune homme, Maillol décide de devenir peintre.

II arrive à l'âge de vingt ans à Paris où il va vivre des années d'extrême misère.

La rencontre avec Gauguin et son art vont profondément influencer le jeune artiste.

Son amitié avec Vuillard, Bonnard, Maurice Denis, va orienter sa peinture. II entre dans le groupe des Nabis. Ce groupe réunit Sérusier, Rippl-Ronaï, Vuillard, Bonnard, Maurice Denis. Une amitié étroite va lier tous ces grands artistes.

Maillol rencontre Matisse qui devient également son ami et le reste pour la vie entière.

C'est à l'âge de trente-six ans que Maillol fait ses débuts dans la sculpture. Maillol crée une œuvre en complète rupture avec la tradition de la statuaire. Il renonce à l'éloquence, au sujet, au mouvement, pour inventer un monde de formes, à la fois sensibles et rigoureuses, d'une beauté calme, silencieuse et vivante. II devient le plus grand sculpteur français après Rodin et exerce une influence considérable sur l'histoire de la sculpture moderne. Sa vie se partage entre les hivers à Banyuls et les étés à Marly-le-Roi.

C'est essentiellement pour la beauté du lieu que Maillol acquit la Métairie. II avait vécu enfant dans cette vallée de la Roume, en la métairie familiale de sa grand-mère paternelle. Mais sur l'autre versant, et ce paysage marqua à jamais sa mémoire. Plus tard, il échangea la maison attenante à la partie blanche de la Métairie contre une vigne. Lors de ses séjours à Banyuls, Maillol aimait y travailler. En avançant dans l'âge, il s'y retira pour y vivre. Il reçut là les hommes les plus éminents de son temps, artistes, poètes, écrivains. Même célèbre, il n'oublia jamais son pays natal et ses paysages qu'il considérait "comme les plus beaux du monde".

Maillol garda sa vie entière cette énergie de la jeunesse. Il faisait de longues courses dans la montagne dont il connaissait toutes les plantes et toutes les essences. C'est dans cette cuisine où sont réunis ses objets familiers qu'il préparait les repas pour ses invités et pour lui-même. Fin cuisinier, il savait accommoder ces saveurs naturelles et en tirer tout leur suc car, à la fois sybarite et gourmet, il aimait une vie frugale.

Maillol possédait dans le village une maison, dite "la Maison Rose", où il travaillait la sculpture. A la Métairie, il se consacrait essentiellement au dessin et à la peinture. Lorsque le temps le permettait, son modèle posait dehors, dans la clairière où maintenant il repose sous l'un de ses chefs-d'œuvre, Méditerranée.

De ses dessins naissaient par la suite les sculptures : statuettes, statues grandeur nature, œuvres monumentales et surtout les torses qu'il affectionnait.

Face à la majesté du paysage il passait de longues heures à méditer et ces murs sont encore habités par ses rêves et ses pensées.

La seconde guerre mondiale renforça son besoin de s'isoler de la société des hommes et il vécut là comme un ermite, ressemblant de plus en plus à ces figures de stoïciens de l'antiquité.

C'est en allant rendre visite à son ami Raoul Dufy. qui était en cure à Vernet-les-Bains une des villes thermales des Pyrénées-Orientales, que Maillol fut victime d'un accident de voiture le 16 septembre 1944. II décédera onze jours plus tard, le 27 septembre, à Banyuls-sur-Mer. En 1961, pour le centième anniversaire de sa naissance, il reçut des funérailles nationales et son cercueil a été transféré et inhumé dans cet endroit qu'il avait tant aimé.

Son fils Lucien Maillol (1896-1972), fit don de la Métairie à la municipalité de Banyuls, croyant ainsi la sauvegarder et l'ouvrir au public. Cependant, par la suite. faute d'entretien, Ie toit menaçait de s'effondrer et l'un des corps de bâtiment s'affaissa complètement et disparut.

C'est avec tristesse que l'on assistait à la dégradation de ce lieu magique où Maillol avait vécu et créé.

Mais l'arrivée d'un nouveau maire redonna l'espoir aux fidèles visiteurs de la Métairie de Maillol. Pierre Bruce, maire de Banyuls, fit voter un crédit municipal pour la réfection du toit qui fut refait. Cette restauration resta néanmoins sans suite parce que Pierre Bruce cessa d'être maire.

Pendant des années, Dina Vierny (1919-2009), dernier modèle et légataire universelle de Maillol, accompagnée de l'arrière petit-neveu de l'artiste, Yvon Bena-MaiIIol. firent de nombreuses et vaines démarches pour sauver la Métairie.

C'est enfin. en 1984, sous l'impulsion de Jean Rède. maire de Banyuls. que le sauvetage de la Métairie prit corps.

Sous la surveillance de Dina Vierny, les premiers travaux d'urgence ont été effectués gracieusement par Monsieur Florian de la Comble, de Banyuls. et monsieur Casanova, de Collioure. Ensuite le maire et le conseil municipal, sous l'impulsion d'Yvon Berta-MailIol accordèrent à la Fondation Dina Vierny - Musée Maillol un bail emphytéotique à charge pour elle de restaurer, voire reconstruire les bâtiments. Jean Rède. maire de Banyuls. fit également classer la vallée sauvant ainsi le paysage que Maillol aimait par-dessus tout.

Dina Vierny, détentrice du droit moral, prit en charge les travaux qu'elle mena à bien et souhaita conserver ce lieu plein de poésie en témoignage vivant du grand artiste.

La Métairie abrite aujourd'hui un petit musée qui retrace au moyen de photographies, lithographies originales, statuettes, statues, objets personnels, la vie de celui qui domina la sculpture de son temps.

Le musée sera enrichi, d'autres œuvres y seront exposées, mais il restera toujours confidentiel et c'est là un de ses charmes !

Après le 4 novembre 1994. jour d'inauguration de ce musée, le 9 mars 1995 un grand musée consacré à l'art de Maillol est ouvert, par la Fondation, à Paris en l'HôteI Bouchardon, 59-61, rue de Grenelle dans le 7ème arrondissement. Il abrite les pièces rnaîtresses de l'artiste,en bronze et en plomb, tout comme les peintures du début et des dernières années ainsi que les terres cuites, les terres vernissées, les bois, les tapisseries, les dessins, pastels et sanguines.

Dans l'atelier de l'artiste de Marly-le-Roi, reconstitué au Musée Maillol de Paris, on peut voir les grands plâtres originaux jamais moulés, portant sur eux la trace des mains de l'artiste.

Malgré la profusion d'œuvres d'art, le grand Musée Maillol de Paris, qui est sa cathédrale, n'a n'a pas eu le bonheur d'y abriter Maillol. C'est Alfred de Musset qui a vécu dars ces lieux. Alors que la Métairie entraîne à la méditation et au rêve puisqu'il y a vécu et qu'il ne l'a pas quittée.

Musique : Eric Satie - Gnossienne n°5 - 3 Mo - 3 mn 40 :

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Image de fond de la page : Vue sur Banyuls-sur-Mer


 

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